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Début septembre, Alain Duhamel, 84 ans, annonçait qu’il prendrait sa retraite en juin 2025. « C’est une très belle carrière, mais il faut savoir s’arrêter », expliquait son épouse, filmée par France 5 pour l’émission « C à vous ». Deux semaines plus tard, l’octogénaire, plus fringant que jamais, était donc encore en place pour commenter le nouveau gouvernement Barnier.
En 2017, l’élection d’Emmanuel Macron avait créé un grand désarroi chez les vieux journalistes politiques, obligés de reconstituer de fond en comble leur carnet d’adresses, rendu caduc du jour au lendemain. La nomination de Michel Barnier à Matignon les a remis en selle.
Ceux qui couvraient la droite chiraco-gaullo-pépère, dégagée du pouvoir depuis 2007, tiennent leur revanche. Même ceux qui avaient décidé de quitter le journalisme politique sont de retour : on aperçoit le soir des rubricards retraités opérant un retour discret sur les plateaux des chaînes d’info en continu, pour raconter d’où vient le premier ministre de 73 ans ou partager des anecdotes du XXe siècle. Et les vidéos de l’INA n’ont jamais tant servi.
Avec l’annonce de la nomination de Michel Barnier, ils ont senti qu’ils avaient une longueur d’avance sur leurs jeunes collègues, ce qui ne leur était pas arrivé depuis un moment. Quand on parle de Bruno Retailleau et de l’affaire de tricherie dans le jeu télévisé « Intervilles », ils connaissent non seulement Bruno Retailleau, mais aussi « Intervilles ». Ils ont connu la politique avant les réseaux sociaux et peuvent donc dérouler chronologiquement les carrières, à l’ancienne, de ceux qui étaient d’abord maires, avant d’être suppléants, puis députés… Ils peuvent nommer les noms d’anciens collègues de Michel Barnier au ministère des affaires étrangères. Ils ont des souvenirs de la passation de pouvoir au ministère de l’écologie avec Ségolène Royal.
Au moment de composer le numéro de téléphone de quelques proches de Barnier, ils découvrent qu’ils n’avaient pas répondu à leur dernier SMS d’il y a huit ans proposant de se « trouver une date en janvier ». A la différence de la plupart des chroniqueurs politiques actuels, ils connaissaient déjà Didier Migaud quand il était président de la commission des finances à l’Assemblée nationale. Ils ont connu l’époque où personne n’allait regarder qui avait voté pour ou contre la dépénalisation de l’homosexualité parce que tout le monde s’en fichait. Sur les plateaux télé ou radio, on leur pose des questions qui commencent par : « Vous qui l’avez souvent fréquenté », et ils sont un peu gênés quand un ancien politique dit d’eux en public : « On se connaît depuis trente ans ».
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